Mathématiques et apprentissage : état des lieux et leviers d’action

En ces temps où l’intelligence artificielle fait les gros titres et suscite autant d’enthousiasme que de débats, il est bon de revenir à l’essentiel : l’apprentissage des mathématiques repose avant tout sur les enseignants. Le numérique peut être un outil précieux, mais il ne remplacera jamais l’impact d’un professeur passionné et bien formé. Alors, où en est-on aujourd’hui en France ? Et surtout, quelles pistes pouvons-nous explorer pour améliorer l’enseignement des mathématiques ?

Un constat alarmant : les maths en perte de vitesse

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’enquête PISA 2022 révèle une baisse significative des performances en mathématiques des élèves français, avec une chute d’environ 15 points depuis 2018. C’est l’équivalent de trois quarts d’une année scolaire de perdu !

Mais ce n’est pas tout. Ce déclin des résultats n’a pas commencé avec la pandémie : une tendance négative était déjà observée avant 2018. En parallèle, l’anxiété face aux mathématiques ne cesse d’augmenter depuis 2012, ce qui constitue un frein majeur à l’apprentissage. Moins d’un élève sur deux ose poser des questions lorsqu’il ne comprend pas, et ceux en difficulté sont encore plus réticents à le faire. De plus, le lien entre les nouvelles notions et les acquis antérieurs est souvent mal exploité, ce qui complique encore l’assimilation des concepts.

Les inégalités sont également criantes : même parmi les pays aux systèmes éducatifs performants, les écarts entre les élèves les plus et les moins à l’aise en maths restent préoccupants.

Quelles pistes pour inverser la tendance ?

Heureusement, des leviers existent pour améliorer l’apprentissage des mathématiques et redonner confiance aux élèves.

Encourager des stratégies d’apprentissage actives

• Inciter les élèves à poser des questions et à cultiver un esprit critique.
• Relier systématiquement les nouvelles notions aux connaissances antérieures.
• Mettre en place des pédagogies qui poussent les élèves à expliciter leurs démarches de résolution de problèmes.

Développer la confiance en soi des élèves

• Proposer des activités qui valorisent leurs compétences et les rendent acteurs de leur apprentissage.
• Mettre en avant des pratiques pédagogiques d’activation cognitive, qui les encouragent à verbaliser et structurer leur raisonnement.
• Soutenir un climat bienveillant en classe, où l’erreur est perçue comme une étape normale du processus d’apprentissage.

Soutenir enseignants et parents dans leur rôle clé

• Une relation positive entre enseignants et élèves favorise l’apprentissage et réduit l’anxiété.
• L’implication des parents, même par de simples discussions sur l’école, peut avoir un effet bénéfique sur la perception des maths par les enfants.

Faire entrer les mathématiques dans le XXIe siècle

• Intégrer des activités qui développent des compétences transversales comme l’analyse de graphiques, l’interprétation de données ou la modélisation de situations concrètes.
• Privilégier des approches qui rendent les mathématiques plus accessibles et ancrées dans le réel.

Le numérique : un outil, pas une baguette magique

Si le numérique peut être un allié pour diversifier les méthodes pédagogiques, il ne remplace pas un bon enseignement. Parmi ses atouts :

• Il permet d’améliorer la compréhension grâce à des supports interactifs (vidéos, simulations, exercices adaptatifs).
• Il favorise une différenciation pédagogique en s’adaptant aux besoins de chaque élève.
• Le cadre de référence des compétences numériques (CRCN) offre des repères pour évaluer les acquis numériques des élèves.
• Des outils basés sur l’intelligence artificielle, comme Adaptiv’Math, peuvent personnaliser les parcours d’apprentissage.

Mais pour que le numérique soit efficace, encore faut-il accompagner les enseignants dans son intégration en classe.

En conclusion : une approche globale est nécessaire

Améliorer l’enseignement des mathématiques en France nécessite d’agir sur plusieurs fronts : réduire l’anxiété des élèves, renforcer leur confiance en eux, promouvoir des stratégies d’apprentissage efficaces et utiliser le numérique de manière pertinente. Mais surtout, il faut remettre les enseignants au centre du dispositif. Ce sont eux, bien plus que les algorithmes, qui font la différence dans l’apprentissage des élèves.

Alors, prêts à relever le défi ?