PIX est un ovni public, qui a su imposer son offre en quelques années. PIX est devenu un des outils phares pour accompagner élèves, enseignants (et citoyens) vers une meilleure maîtrise des compétences digitales. Pourtant, son ascension n’avait rien d’évident : un long processus de maturation, une vision politique assumée et une culture d’innovation publique rare.
Revenons sur l’histoire, la promesse, et le bilan d’un service qui a profondément changé la façon d’évaluer le numérique à l’école.
Une histoire née de la modernisation du numérique éducatif
L’histoire de PIX commence au milieu des années 2010. Le numérique est à une place incontournable dans les pratiques professionnelles. On voit même se généraliser les sites publics (impôts.gouv.). Le système éducatif français repose encore sur le B2i (Brevet informatique et internet). Les limites apparaissent alors : compétences mal suivies, validation souvent administrative, hétérogénéité des pratiques.
2015–2017 : la rupture
Le besoin d’un outil moderne, national, scalable etengageant se fait sentir. Sous l’impulsion de Beta.gouv et du Ministère de
l’Éducation nationale émerge alors PIX, une plateforme d’entraînement et
d’évaluation des compétences numériques fondée sur le cadre européen DigComp.
Dès son lancement en 2017, PIX se distingue :
- par ses épreuves interactives, loin du QCM classique,
- par sa logique d’auto-positionnement,
- par sa volonté de toucher un public large : élèves, étudiants, adultes en formation, citoyens.
2018–2021 : la montée en puissance dans l’école
La plateforme s’institutionnalise :
· création de PIX Orga pour les établissements,
· intégration progressive des parcours dans les pratiques pédagogiques,
· généralisation des parcours obligatoires encollège et en lycée.
En 2021, la bascule est actée : la certification PIX devientobligatoire en 3e et en terminale, remplaçant définitivement le B2i.
Depuis 2022 : un pilier du socle numérique
PIX devient l’un des outils centraux de la stratégienumérique éducative en France, aux côtés de l’ENT, du CRCN (Cadre de Référence des Compétences Numériques) et des initiatives autour de la citoyenneté numérique.
La plateforme évolue en continu : nouvelles compétences,missions thématiques, intégration renforcée avec les environnements pédagogiques.
La promesse de PIX : des compétences numériques pour tous
La force de PIX repose sur une double promesse : d’abord, pour les élèves, en déeloppant leurs compétences ; ensuite, pour les enseignants, avec un outil fiable pour développer et suivre ces compétences.
Pour les élèves : apprendre en faisant
Contrairement aux certifications figées, PIX mise sur lapratique :
· exercices contextualisés,
· manipulations directes,
· analyse critique de l'information,
· résolution de problèmes numériques réels.
L’élève progresse dans un parcours gamifié, personnalisé etbasé sur l’adaptation du niveau de difficulté.
À la clé : une certification reconnue, valorisable dans Parcoursup et dans la vie professionnelle.
Pour les enseignants : un outil de pilotage pédagogique
Grâce à PIX Orga, les enseignants disposent :
· d’un diagnostic précis du niveau de chaqueélève,
· de parcours ciblés selon les besoins,
· d’un suivi de la progression,
· d’un cadre aligné sur le CRCN et le DigComp européen.
PIX permet aux enseignants d’intégrer le numérique de façon progressive, différenciée et structurée, sans devenir experts en informatique.
C’est également un outil pour éduquer au numérique, au-delà du seul savoir-faire technique : cybersécurité, collaboration, droits d’auteur, identité numérique…
PIX : un bilan globalement positif
Après plusieurs années de déploiement massif, que peut-ondire de PIX ? Le bilan est riche, nuancé, globalement très favorable.
Les réussites
- Un standard national.
- PIX est désormais un langage commun entreenseignants, élèves et institutions.
- Une certification reconnue. Elle valorise concrètement les compétences numériques, souvent invisibles jusqu’ici.
- Un outil réellement opérationnel.
Les exercices interactifs rendent le numérique tangible ; la progression est lisible et motivante. - Une vraie culture du numérique citoyen.
Sécurité, données, sources, collaboration… PIX forme à des compétences transversales - pas que numériques ! - Un impact dans l’enseignement supérieur et la formation pro.
De nombreuses universités et entreprises s’appuient désormais sur la certification.
Les limites
- Charge administrative et organisationnelle, notamment lors des sessions de certification.
Appropriation inégale selon les établissements, les équipes et les moyens numériques disponibles. - Dépendance aux équipements : les conditions matérielles restent un frein dans certains territoires.
Parcours perçus comme longs ou parfois répétitifs par certains élèves.
Ce qui reste à faire
- Simplifier l’expérience enseignant,
- renforcer l’intégration dans l’ENT,
- améliorer l’ergonomie pour certains publics (élèves fragiles, jeunes non lecteurs),
- développer des parcours plus contextualisés pourles disciplines.
Conclusion : un cocorico quand même !
PIX est passé en moins de dix ans d’un projet innovant de l’État à une infrastructure éducative nationale.
Il a modernisé l’enseignement du numérique, remplacé un B2i vieillissant et posé les bases d’une culture numérique ambitieuse et citoyenne.
Sa force tient dans son ancrage : un outil public, basé sur des standards européens, qui accompagne tous les publics vers la maîtrise du numérique.
S’il reste perfectible — comme tout dispositif massif — PIX a déjà changé durablement le rapport entre l’école et le numérique.
Et surtout, il a réussi sa promesse : faire du numérique unecompétence à apprendre, à pratiquer et à certifier, au même titre que les autres fondamentaux.
Et vous, comment utilisez-vous PIX avec vos élèves ? Qu'en pensez-vous en tant que professeur ?
